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Douanes en France : guide pratique sur la nouvelle réglementation de l'UE 2025

Rédigé par Giulia Castagna | 27 févr. 2025 10:25:49

Les nouvelles réglementations douanières de l'UE en 2025 transformeront radicalement le système douanier en France, introduisant plus de 200 modifications opérationnelles pour les entreprises engagées dans le commerce international.

Ces transformations réglementaires représentent la mise à jour la plus significative du système douanier européen des dix dernières années. Les modifications affecteront tous les aspects des opérations douanières : de la numérisation complète des déclarations à la mise en œuvre du nouveau système ICS2, jusqu'aux procédures de vérification et de contrôle des marchandises.

Ce guide examine en détail les nouvelles réglementations, les exigences techniques, les procédures de déclaration et les obligations nécessaires pour assurer la conformité avant la fin de l'année.

Aperçu des nouvelles réglementations douanières 2025

Le règlement d'exécution de l'UE 2024/2522 introduit des modifications importantes à la nomenclature tarifaire et au tarif douanier commun à partir du 1er janvier 2025. Cette mise à jour est une étape essentielle dans la modernisation du système douanier français et européen.

Principales modifications du Code des douanes de l'UE

La nouvelle réglementation introduit des sous-positions spécifiques pour faciliter le contrôle de certains biens. En particulier, de nouvelles classifications ont été créées.

De plus, le système prévoit la mise à jour de la Nomenclature Combinée (NC), qui constitue le cadre fondamental pour la déclaration des marchandises lors de l'importation ou de l'exportation de l'Union européenne.

Système ICS2 : exigences et calendrier

L'Import Control System 2 (ICS2) est l'une des innovations les plus significatives. Ce système informatique est conçu pour collecter des données sur toutes les marchandises entrant dans l'UE avant leur arrivée. Les opérateurs économiques devront soumettre une Déclaration Sommaire d'Entrée (ENS) contenant des informations détaillées sur la sécurité et la protection des marchandises.

L'implémentation de l'ICS2 se déroule en trois phases principales :

  1. Release 1 : Déjà active depuis mars 2021 pour les opérateurs postaux et les coursiers express

  2. Release 2 : Opérationnelle depuis mars 2023 pour toutes les marchandises transportées par avion

  3. Release 3 : En vigueur depuis le 3 juin 2024, étendue à toutes les marchandises transportées par voie maritime

Impact sur le commerce international

Les nouvelles réglementations entraînent des changements opérationnels significatifs pour les entreprises. Particulièrement pertinent est l'introduction des Dispositions nationales complémentaires au Code douanier de l'Union, qui réduisent à 122 articles les 400 dispositions précédentes du Texte unique des lois douanières.

Le nouveau système pénal distingue les infractions administratives et pénales, en se basant sur des critères objectifs comme le seuil des 10 000 euros pour les droits de douane éludés. En outre, la discipline de la contrebande est simplifiée, se concentrant sur deux principales infractions :

  • La déclaration infidèle
  • L'omission de déclaration

Un aspect innovant concerne l'introduction de l'obligation généralisée de l'e-Das pour tous les transferts nationaux de produits énergétiques, à l'exception du GPL destiné à la combustion. De même, l'Agence des Douanes aura accès aux données relatives à la facturation électronique des opérateurs lors des inspections et accès.

En ce qui concerne la durabilité environnementale, l'entrée en vigueur du règlement UE 2023/1115 (EUDR) a été reportée au 30 décembre 2025, accordant aux entreprises plus de temps pour se conform er aux obligations de diligence raisonnable relatives à la déforestation.

Exigences techniques pour la conformité

La transformation numérique des procédures douanières françaises en 2025 nécessite des exigences techniques spécifiques pour assurer la conformité aux nouvelles réglementations européennes. Ces changements touchent principalement trois domaines clés : la documentation numérique, la traçabilité des marchandises et les certifications.

Documentation numérique obligatoire

À partir du 2 décembre 2024, toutes les déclarations douanières concernant les exportations et les transits doivent être soumises exclusivement sous forme électronique. Le nouveau système implique l'utilisation de messages XML spécialement conçus pour chaque type d'opération :

  • Déclarations d'exportation : codes B1, B2, B4
  • Déclarations de transit : codes D1, D2, D4
  • Déclarations d'importation : codes H1-H7

De plus, à partir du 21 janvier 2025, le nouveau système informatique NCTS phase 5, qui numérise complètement les déclarations douanières de transit, entre en vigueur. Ce système nécessite l'inclusion d'informations détaillées telles que le montant de la garantie engagée dans le transit et l'indication obligatoire de la douane de frontière.


Systèmes de traçabilité des marchandises

La réglementation introduit de nouveaux exigences pour la traçabilité des marchandises, particulièrement strictes concernant :

  1. Identification des moyens de transport : Il n'est plus permis d'utiliser des indications génériques comme "CAMION" ou "AVION" dans les documents de transit

  2. Système de scellage : L'utilisation de scellés conformes aux articles 301 et 317 du Règlement d'exécution UE 2015/2447 est obligatoire, avec enregistrement dans un registre numérique approprié

  3. Géolocalisation : Pour certains produits, la mise en place de systèmes de géolocalisation des marchandises est nécessaire, particulièrement pertinente pour les Déclarations de Diligence Due

Certifications nécessaires

À partir du 1er janvier 2025, les opérateurs doivent obtenir des certifications et autorisations spécifiques :

Déclarant CBAM Autorisé : Obligatoire à partir du 1er janvier 2026, mais la demande peut être soumise dès le 1er janvier 2025

Pour obtenir cette certification, sont nécessaires :

  • Données identificatives complètes
  • Auto-certification sur l'absence de violations douanières et fiscales au cours des cinq dernières années
  • Documentation sur la solvabilité financière
  • Estimation détaillée de la valeur et du volume des importations

Le système prévoit également l'intégration avec :

  • FALSTAFF (Fully Automated Logical System To Avoid Forgery & Fraud): Plateforme telematique pour la simplification administrative et la lutte contre la contrefaçon
  • Service Telematique Douanier (STD) : Système pour la communication des opérateurs économiques avec l'Agence des Douanes

Pour la gestion documentaire, il est nécessaire d'implémenter des systèmes de :

  • Signature électronique qualifiée
  • Archivage numérique conforme à la réglementation française
  • Conservation électronique des documents pour 10 ans

L'Agence des Douanes a également étendu ses capacités d'accès aux données relatives à la facturation électronique des opérateurs lors des inspections et des contrôles. Cela nécessite l'implémentation de systèmes informatiques compatibles avec les nouvelles méthodes de vérification et de contrôle.

Gestion pratique des déclarations douanières

La soumission des déclarations douanières en France traverse une phase de complète numérisation, avec l'introduction de nouveaux systèmes et procédures qui changent radicalement le processus déclaratif.

Processus de compilation en ligne

L'Agence des Douanes a mis en place un système informatique avancé qui nécessite la présentation des déclarations douanières exclusivement sous forme électronique. Ainsi, les opérateurs économiques doivent suivre ces étapes clés :

Préparation de la Déclaration Sommaire d'Entrée (ENS)

  • Présentation obligatoire avant l'arrivée des marchandises au premier point d'entrée dans l'UE
  • Compilation par le transporteur ou l'importateur-destinataire
  • Inclusion de documents supplémentaires tément comme des factures commerciales et des certificats d'origine

Document Administratif Unique (DAU)

  • Utilisation du formulaire commun pour tous les pays de l'UE
  • Insertion détaillée des informations sur les marchandises et le transport
  • Annexion des documents de soutien nécessaires
  •  

De plus, le système prévoit l'utilisation du Numéro de Référence Principal (MRN), un code unique attribué à chaque déclaration douanière. Ce code permet de suivre les opérations d'exportation et de transit, de vérifier le statut des déclarations en temps réel et d'obtenir la preuve de l'exportation pour bénéficier de l'exonération de la TVA.

Gestion des marchandises sensibles

Le régime de perfectionnement actif représente un aspect crucial dans la gestion des marchandises sensibles. Ce système permet :

Importation en Suspension

  • Exonération du paiement du droit de douane et de la TVA pour les matières premières
  • Possibilité de réaliser des opérations telles que la réparation, le montage et l'assemblage
  • Réexportation ou mise à la consommation dans l'UE du produit transformé

Procédures d'Autorisation
Pour obtenir l'autorisation au régime de perfectionnement actif, les opérateurs doivent :

  • Présenter une demande au bureau de douane compétent
  • Utiliser le système CDS (Customs Decision System)
  • Démontrer la possibilité d'identifier les matières premières dans les produits transformés

Particulièrement innovant est le système de compensation pour équivalence, qui permet l'utilisation de marchandises unionales en remplacement des marchandises tierces, la correspondance du code NC à huit chiffres et le maintien de la même qualité commerciale et caractéristiques techniques.


L'Agence des Douanes a également mis en place des services numériques spécifiques qui incluent :

  • AIDA pour la numérisation des procédures
  • Suivi des mouvements d'exportation
  • Gestion des demandes d'intervention AFA
  • Consultation de la tarification douanière TARIC

Coûts et calendrier de mise en œuvre

L'adaptation au nouveau système douanier numérique nécessite des investissements significatifs de la part des entreprises françaises, particulièrement pour les petites et moyennes entreprises engagées dans le commerce international.

Investissements nécessaires pour les PME

Pour les PME, la mise à jour des systèmes informatiques représente le coût le plus significatif. En effet, à partir du 2 décembre 2024, toutes les déclarations douanières relatives aux exportations et aux transits doivent être soumises exclusivement sous forme électronique. Cela implique :

  • une adaptation technologique avec l'implémentation de logiciels pour la gestion des signatures numériques et des échanges d'informations au format XML
  • Formation du personnel notamment sur les nouvelles méthodes opérationnelles numériques, la gestion des déclarations électroniques et les procédures de contrôle et de vérification
  • Conseil spécialisé pour la révision des processus organisationnels et leur mise à jour ainsi que pour la due diligence des produits

Calendrier d'adaptation 2025

Le processus de transition suit un calendrier précis avec des échéances spécifiques :

Premier trimestre 2025

21 janvier : Obligation de déclaration électronique de transit

11 février : Date limite pour la mise en œuvre de la composante transnationale de la déclaration d'exportation

Deuxième trimestre 2025

Mars : Début des formations et mises à jour pour les opérateurs

Juin : Achèvement de l'adaptation des systèmes informatiques

Troisième trimestre 2025

Mise en œuvre des nouvelles règles d'origine préférentielle de la Convention paneuropéenne

Activation des systèmes de traçabilité avancée

Quatrième trimestre 2025

30 décembre : Entrée en vigueur du règlement UE 2023/1115 pour les moyennes et grandes entreprises


Pour faciliter l'adaptation, deux outils principaux sont disponibles :

  1. Mode système à système (S2S)

  2. Service Monet pour le suivi des opérations

Les PME qui ne se conformeront pas aux échéances prévues risquent des retards dans les expéditions, des blocages douaniers et, bien sûr, des sanctions administratives.

Sanctions et contrôles

Le décret législatif 141/2024 a introduit une réforme substantielle du système pénal douanier français, simplifiant considérablement le cadre réglementaire précédent et introduisant des critères plus clairs pour distinguer les infractions administratives et pénales.

Nouvelles procédures de vérification

L'Agence des Douanes a mis en place un système de contrôle basé sur des critères objectifs. Ainsi, lors des inspections, les bureaux douaniers doivent :

  1. Vérifier la valeur totale des droits de douane dus par rapport à ceux déclarés

  2. Calculer séparément les soldes positifs et négatifs pour chaque droit de douane

  3. Appliquer le principe de proportionnalité dans l'évaluation des violations

En cas de déclarations douanières comportant plusieurs articles, le système prévoit une évaluation globale des écarts constatés. De plus, les bureaux douaniers ont maintenant un accès direct aux données de facturation électronique lors des inspections.

Système sanctionnaire mis à jour

Le nouveau système sanctionnaire repose sur deux principes fondamentaux :

Distinction objective des infractions

  • Le seuil de 10 000 euros de droits de douane éludés détermine la frontière entre l'infraction administrative et pénale
  • Les droits sont considérés distinctement pour les droits de douane et la TVA
  • L'élément subjectif de l'intention reste nécessaire pour configurer le délit de contrebande

Simplification des infractions

  • Contrebande pour omission de déclaration
  • Contrebande pour déclaration infidèle

Les sanctions administratives suivent désormais une échelle proportionnelle plus équilibrée :

  • De 100 % à 200 % des droits contestés pour les infractions standard
  • Entre 80 % et 150 % lorsque le Parquet européen retourne le dossier pour absence d'intention

Particulièrement innovant est l'article 112 DNC, qui introduit la possibilité d'extinction des infractions de contrebande punissables uniquement par une amende. Cette option prévoit le paiement intégral des taxes dues et le versement d'une somme supplémentaire entre 100 % et 200 % des droits relatifs à l'infraction.

Les bureaux douaniers disposent de 30 jours pour transmettre les procès-verbaux à l'Autorité Judiciaire si le déclarant n'a pas éteint l'infraction. Par la suite, il est toujours possible d'accéder aux procédures de résolution simplifiée.

Conclusion

Les nouvelles réglementations douanières de l'UE en 2025 représentent une transformation radicale du système douanier français. Ce guide a souligné les éléments clés nécessitant une attention particulière de la part des opérateurs économiques.

Les mises à jour principales incluent :

  • La numérisation complète des déclarations douanières
  • L'implémentation du système ICS2
  • Des exigences techniques spécifiques pour la conformité
  • Un nouveau système sanctionnaire simplifié
  • Des échéances précises pour l'adaptation des entreprises

Les entreprises françaises doivent considérer attentivement les coûts d'implémentation et planifier les investissements nécessaires pour la mise à jour des systèmes informatiques et la formation du personnel. La conformité aux nouvelles réglementations nécessite une approche structurée et méthodique.

Les opérateurs économiques qui s'adapteront rapidement bénéficieront de procédures douanières plus efficaces et d'une compétitivité accrue dans le commerce international. Certes, cette transformation représente un défi significatif, mais offre également des opportunités concrètes pour moderniser et optimiser les opérations douanières.